Burqas, foulards et minijupes paroles d'Afghanes
Le propos est retenu, la parole est prudente. On ne parle pas, mais alors pas du tout, de sexe. À peine de religion. Du bout des lèvres de politique. Beaucoup de choses sont dites sans être dites, en filigrane. Nous sommes dans une société d'Asie centrale, traditionnelle, qui n'encourage pas le strip-tease émotionnel. On parle difficilement de soi, on n'aime pas se mettre en avant, se dévoiler trop. Même les femmes qui ont fait des études, travaillent et militent, ont parfois du mal à voir en quoi leur vie peut être intéressante. Et pourtant, Farida, Rahima, Sakeena et les autres - les femmes afghanes qui ont participé à ce livre - ont toutes des parcours étonnants, ne serait-ce que parce qu'elles ont fait des études et qu'elles ont socialement « réussi » : elles sont en effet étudiantes, chefs d'entreprises, journalistes, enseignantes ou salariées au sein d'une ONG. Certes, elles racontent la guerre, les talibans et parfois l'exil et les mariages forcés mais toutes refusent les discours misérabilistes et victimaires. Tantôt respectueuses de la tradition, tantôt audacieuses, elles disent aussi leurs exigences et leurs rêves et surtout leur formidable détermination à bénéficier d'une bonne éducation, dans le secret s'il le faut, au sein d'une société où être une femme reste un combat de tous les jours. Des témoignages exemplaires et pleins d'espoir sur la capacité de résistance des Afghanes à l'heure où leur pays retrouve violence et chaos.