L'imitation
" Qu'est-ce qui m'avait si fort lié à Benjamin qu'à plus d'un siècle près je me sentisse beaucoup plus que son contemporain, en vérité une sorte de double dans mon propre siècle ? "Jacques-Adolphe aimerait passionnément ressembler à Benjamin Constant, mort en 1830, sensible et égoïste, homme de plaisir et de mélancolie, mais inimitable. Sur les bords du Léman, à Lausane et ailleurs, Jacques-Adolphe, ce héros de notre temps, va pourtant imiter Benjamin, imitation ou singerie ? Fantômes du passé ou pitres du présent ? Comme lui, il joue et ne gagne pas, il ricane et pourfend ses ennemis invisibles, il aime d'un cœur prêt à tous les débordements la secrète Charlotte, l'opulente Gloria, la rousse Anna. Comme lui, il se brûle. Quand monte la lumière des morts, errant dans le vent du soir, il s'aperçoit qu'il a vécu d'illusions, qu'il a trop attendu, que tout est désormais vanité.Dans une langue superbement nerveuse qui emprunte à l'élégie et au cantique, à la parodie et au sermon, à la chair et au feu, à la cendre, Jacques Chessex dessine ici l'histoire d'un héros raté, un romantique sans doute égaré dans notre fin de siècle, un libertin sans proies. Un homme qui s'est perdu et ne se rend à lui-même qu'au bord de la tombe, quand tout est joué et que seuls demeurent les regrets.
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