Pauvre pomme
Orso a douze ans quand cette histoire commence. Il est au collège en classe de cinquième. Sa sœur Alice a quinze ans, elle est en seconde au lycée. Tous les deux font leurs études dans une ville de province où habitent leurs parents. Paul et Sophie sont des parents exemplaires. Ils font ce qu'ils font ce qu'ils peuvent pour inculquer à leurs enfants une bonne éducation, les préparer à une vie simple, à l'abri des souffrances. Orso parle peu, il est confiant, toujours souriant, et ne se méfie pas des autres. Cela lui vaut de nombreuses déceptions. " Pauvre Pomme ! " lui dit sa sœur qui, elle, a les yeux bien ouverts sur le monde. Au lycée, les résultats d'Orso sont satisfaisants. C'est un bon élève. Il n'est ni rebelle, ni victime. Ni soumis, ni insoumis. Pourtant ses professeurs ont remarqué quelque chose, et ils s'inquiètent. Orso n'est pas comme les autres. Il serait prudent de consulter un spécialiste. Le diagnostic est vite fait : Orso est inadapté. Tout ce qui fait la vie en communauté ne l'atteint pas. Cette inadaptation est-elle de naissance, ou l'a-t-il choisie ? Faut-il la soigner ? Est-elle au contraire ce qu'il y a de plus précieux en lui ? A force de craindre que les enfants ne souffrent d'une quelconque inadaptation, ne risquons-nous pas, a dit un jour Michel Tournier, d'en faire de suradaptés ? Chronique de la vie quotidienne en France, à la veille de l'an 2000, des épreuves, des joies, des inquiétudes d'une famille d'aujourd'hui, portrait d'un inadapté tranquille, Pauvre Pomme bafoue constamment, et le plus tranquillement du monde, les clichés et les idées reçues.
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