Titre : Tirana blues
Auteur : Fatos Kongoli
Edition : Payot et Rivages
Publication : 07/02/2007
Nombre de pages : 219
Isbn 13 : 9782743616281
Au départ, une scène banale de la vie quotidienne : un homme prend un bain. Il est professeur d'histoire, change sans arrêt de numéro de téléphone et trompe sa femme. Cet homme va être victime d'un attentat. Qui a voulu le tuer ? Première question que l'on se pose et qui nous laisse légitimement penser que l'on vient d'ouvrir un roman policier. Il y a un flic, une victime, il y a même une femme superbe ; fausse route pourtant. La suite du récit est alors prise en charge par trois narrateurs bourrés d'états d'âmes qui n'ont en commun que le fait d'être liés à l'attentat : le professeur lui-même, un des responsables de l'attentat et l'inspecteur qui mène l'enquête. Le professeur d'histoire, donc, est dans le coma suite à l'explosion de sa voiture. Convaincu qu'il est devenu un foetus génétiquement modifié, il erre entre la vie et la mort, dans un univers mi-fictionnel, mi-réel, revivant d'une manière fantasmée ses escapades adultérines dans un hôtel de bord de mer pour couples illégitimes. Rien n'est dit de plus. L'un des responsables de l'attentat est un tout jeune homme. Il est caché pour échapper à la police et en attente de nouveaux papiers pour quitter le territoire. Dans sa planque, il entame une confession où il relate son existence morose depuis son échec à l'école de médecine - il n'avait pas suffisamment d'argent pour payer les pots de vin. Après avoir connu la glande, l'exil et l'immigration clandestine, il commence à travailler pour la mafia. Rien n'est dit sur les raisons de l'attentat. Dernier narrateur : l'inspecteur de la DGBC Zabit Kurti, personnage à la limite du burlesque flanqué de deux assistants « l'analyste » et « l'amuseur », qui tente de résoudre l'enquête. Grâce à lui, l'intérieur du système politique albanais est autopsié et l'on découvre que les hauts fonctionnaires font eux-mêmes partie du milieu. Mais ce que l'on retiendra surtout de lui ce sont les trois visions décousues et extrêmement drôles qu'il aura de sa propre exécution. À la fin, le jeune homme est exécuté d'une balle dans la tête, le professeur d'histoire meurt sur son lit d'hôpital alors que l'inspecteur s'en sort sain et sauf. Mais on ne sait toujours pas pourquoi quelqu'un a voulu tuer ce pauvre professeur. Tirana blues est un roman contemporain comique qui se moque avec intelligence du pourrissement d'une société gangrenée par la mafia où les personnages eux-mêmes acceptent le jeu des faux semblants.