Titre : Repentirs
Auteur : Hélène Ling
Edition : Gallimard
Publication : 03/03/2011
Nombre de pages : 317
Isbn 13 : 9782070132959
C’est en l’apercevant posant en vieil esthète sans illusion devant une étudiante dans un caféparisien en août 2006 que le narrateur, un spécialiste d’histoire romaine, se retrouve obnubilé parla figure de cet artiste plasticien qu’il a bien connu dans sa jeunesse. Au fil de la journée, il tentede recomposer la mosaïque d’éléments ramassés sur Simon V depuis leur rupture à la soirée deslauréats des Beaux-arts en 1979, alors que V repartait avec Michèle, l’amour de jeunesse dunarrateur. Celui-ci s’interroge depuis sur le don exceptionnel pour le cabotinage et l’histrionisme qu’il croit repérer tout le long de la carrière de Simon V, artiste maudit lors de ses années de bohème. Il remonte jusqu’à cette nuit mystique dans un train, en juillet 1974, où V l’avait envoûté par ses discours sur la mort de l’art. En chemin vers l’hôpital où Michèle se meurt d’un cancer, il serappelle aussi ce qu’elle lui avait raconté sur V : son enfance et ses années de formation, sesrelations singulières avec sa mère, une scène sexuelle fondatrice mais traumatisante, sa visite àl’un de ses mécènes dans une abbaye très singulière, sorte de Disneyland artistique, et l’agitationcarnavalesque qu’il y avait provoquée. Dans la chambre d’hôpital où Michèle est endormie, le narrateur découvre un flirt étrange entre Simon V et une jeune malade, Chloé. Simon y raconte son scandale iconoclaste en 1999, qui avait déclenché des poursuites en justice et lancé son apothéose sur le marché de l’art. Puis, après une embrassade sur le lit, Chloé le rejette avec frayeur. V s’effondre et s’enfuit, tandis que le narrateur se retrouve face au vide, aux impasses et aux impostures de la création artistique…Un roman remarquable par sa maitrise de la narration et par son ampleur de vue, qui embrasse avec vigueur une période historique de trente ans. Les personnages sont forts, incarnés, d’une complexité qui leur donnent une présence particulièrement puissante. La langue, d’une beauté singulière, inculque au roman par sa fluidité et sa richesse un rythme et un allant jusqu’à la dernière ligne.