Avès Sotavento balade caraïbe
Lorsque l'on vient de l'est, le premier signe de l'existence de l'archipel des Avès au milieu de l'océan ressemble à un vaisseau fantôme. Un trois-mâts qui dans les jumelles devient à peu trois cocotiers émergeant d'un îlot sableux. Le second est un pétrolier comme flottant sur l'horizon, échoué sur la barrière de corail. Deux amers remarquables portés sur les cartes. D'autres navires échoués là figurent sur les cartes, ils ne sont plus remarquables, la houle a éparpillé les tôles. L'unique terre d'Avès Sotavento apparaît plus tard, grise ou noire ou bleue, selon la lumière, la brume de chaleur, la position du soleil. Un kilomètre carré de terre, de roche et de mangrove, au sud d'un arc corallien étiré sur huit milles en pleine Caraïbe. Par grosse mer on devine les vagues qui brisent contre la barrière bien avant la terre. Des sables d'Avès aux rocs de Redonda, des mornes de Guadeloupe aux marinas de Puerto Rico, le lecteur navigue d'île en île, prisonnier du grand manège caraïbe. Les drames se nouent, parfois la mort est au rendez-vous, sous le soleil, où dit-on la misère est moins dure. Avès Sotavento n'a rien d'une carte postale, alors pourquoi cette envie, sitôt le livre fermé, d'aller voir ? Peut-être est-il un hommage ?