Titre : Titus errant
Auteur : Mervyn Peake
Edition : Phébus
Publication : 08/06/2006
Nombre de pages : 280
Isbn 10 : 275290200X
Isbn 13 : 9782752902009
Dernier épisode, donc, des aventures de Titus, soixante-dix-septième lord de Gormenghast promis à hériter d'un domaine livré à toutes les folies humaines - et inhumaines. Le château labyrinthique de Gormenghast est depuis toujours le lieu géométrique de toutes les aberrations, de toutes les catastrophes ce qui ne l'empêche pas de résister, citadelle indestructible, à l'assaut conjugué des éléments en furie et des lubies perverses de ses singuliers habitants. Fasciné par cet espace de tous les délires, qui prolonge naturellement son corps et les belles rêveries de sa cervelle, Titus décide de s'en éloigner pourtant, soucieux de découvrir le reste du monde sans autres intermédiaires que ses propres yeux. Ce départ, il le sait, ne peut manquer d'être vécu par les siens comme une trahison. Mais Titus sait que le but qu'il s'est donné à présent est à ce prix. Un but ? Plutôt un projet : devenir soi-même, en tournant le dos à celui que les autres avaient voulu qu'il fût. Le voyage - qui n'est pas sans évoquer celui des chevaliers de l'ancien temps - est des plus mouvementés : Titus s'égare dans une ville gouvernée par des robots qui ont résolu de nettoyer le monde de tout mystère, visite une usine où l'on s'emploie à désintégrer les corps vivants, se lie à une dame qui le comble de toutes sortes de caresses, s'étonne de ce que l'on construise partout des maisons aux murs transparents, fréquente des réunions où chacun s'applique à ne prononcer que des paroles d'une exemplaire banalité, se réfugie dans une caverne qui sert d'abri à tous les réprouvés, comprend bientôt que les réprouvés eux-mêmes ne demandent qu'à le réprouver à son tour, tombe gravement malade, se voit soigné par la fille compatissante d'un drôle de savant, voit défiler son passé sous l'aspect d'une parade de carnaval, se laisse enlever dans un avion terriblement sophistiqué, saute en parachute pour échapper à des gens qui font semblant d'avoir confiance en lui, retrouve le chemin de Gormenghast et acquiert là sa première certitude : son passé, malgré les mille aberrations qui en tissent la légende, n'était pas un rêve. Fort de cela, et de cela seulement, il lui tourne une dernière fois le dos - et prend un nouveau départ pour l'inconnu. Où il s'avère donc que les trois volets de cette histoire vouée à tous les troubles (au double sens français et anglais du mot) n'étaient, en secret, rien d'autre que la quête d'une improbable mais nécessaire liberté. Des trois romans du cycle de Gormenghast, le plus émouvant à coup sûr (et le plus bref) ; celui surtout où l'on trouvera le trousseau de clés permettant d'ouvrir toutes les portes que l'auteur avait narquoisement fermées au nez de son lecteur - enfin presque toutes.