Le vicomte
Arnaud Montebourg est un ambitieux. Théâtral, grandiloquent, l'ex-numéro deux du gouvernement Valls est un homme de mode qui pressent les transformations et s'en sert comme tremplin, quitte à se prendre les pieds dans le tapis. Du barreau à l'Assemblée Nationale, des plateaux de télévision aux tribunes politiques, son objectif est d'exister. Pour ses ennemis, il n'a aucune doctrine, sinon retourner sa veste en invoquant sans cesse une "nouvelle cause à défendre".
Rien n'est trop grand pour ce pourfendeur de l'immobilisme. C'est un Rastignac en quête d'aventures dans lesquelles il entraîne toujours de nouveaux fidèles... Qu'il laisse vite choir sur le bord de la route une fois l'épisode terminé. Autant d'amis blessés, trahis, déçus par ce manque de persévérance, malgré une belle énergie communicative. Superficiel, narcissique, séducteur, c'est ainsi qu'il a gouverné : au coup par coup.
Florange, Arcelor, Armor Lux : un dossier chasse l'autre. Devenu patron de Bercy, il a la faveur des patrons : ils savent que Montebourg parle fort mais brasse du vent. Leurs intérêts n'ont rien à craindre. Qu'importe, pour Arnaud Montebourg, il faut occuper le terrain. Il sait d'ailleurs "mettre les mains dans le cambouis" pour plaire à ses électeurs et ratisser des voix. A la manière de François Mitterrand dont il s'inspire beaucoup, il est désormais prêt à prendre le PS par la gauche pour atteindre son but ultime : l'Elysée.
Sa force ? Savoir intervertir les masques et se vivre comme un passionné, prompt à tout quitter pour sauver la veuve et l'orphelin. S'il passe pour un animal à sang chaud, l'enquête montrera qu'il n'en est rien. L'homme est un Machiavel, un comédien qui a la politique chevillée au corps.