Ivresses du fils
« Dans Ivresses du fils je me suis essentiellement attardé sur la sombre et longue relation que joeai entretenue avec le vin. Coeest dire combien mon texte est autobiographique. Joeai osé aborder, scruter, affronter les scènes capitales qui ont jalonné mon enfance, mon adolescence et quelques années de ma vie doehomme. En les écrivant le passé moeest monté à la tête et joeai lâché presque allègrement la bonde à mes souvenirs. Je me suis mis alors à évoquer un certain vin doeoranges dont le souvenir est associé à ma grand-tante, à sa demeure pleine de miroirs et de recoins, à son jardin où se dresse toujours un magnolia qui, croyais-je enfant, finirait par toucher le ciel. A commémorer ce vin de table que je sifflais seul, le jeudi après-midi, dans la fascination que j?éprouvais pour ma grand-mère disparue avant ma naissance. A dresser un portrait sans concessions ? du moins, je loeespère ? doeun garçon timide, sensible, narcissique, violent et cruel, et doeun adolescent marqué par les humiliations verbales et physiques au lycée. Joeai exhumé de ma si frileuse mémoire le souvenir de ces nuits de mai et de juin pendant lesquelles joeavais éclusé tous les vins de la cave paternelle tandis que ma mère se mourait à loehôpital. De chapitre en chapitre, doeune évocation à loeautre, je me suis soudain enfoui dans la vision de vignes empourprées par un glorieux soleil doeautomne. Coeest de solitude, d?éblouissement et de désespoir dont je parle. Mais aussi de mon incapacité à éprouver le sentiment amoureux, incapacité que je niais parfois, que joeoubliais souvent en vidant bouteille sur bouteille, couché sur mon lit et attendant d?être enfin sans mémoire et sans désir. »
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