Auschwitz oblige encore tentative pour penser le mal absolu à partir du bien toujours relatif

Titre : Auschwitz oblige encore tentative pour penser le mal absolu à partir du bien toujours relatif
Auteur : Hélène Van Camp
Edition : Harmattan (L')
Publication : 23/05/2003
Nombre de pages : 188
Isbn 10 : 2747541703
Isbn 13 : 9782747541701

Auschwitz peut-il encore obliger la pensée aujourd'hui ? C'est à cette question que le présent essai tente de répondre par l'affirmative, dans la trace vive du livre exceptionnel que Primo Levi rédigea en 1986, c'est-à-dire quarante ans après Auschwitz, intitulé en français Les naufragés et les rescapés, mais également dans la lumière spectrale et inquiétante de la mort violente que l'écrivain italien s'est donnée un an plus tard, un matin d'avril 1987 à Turin. L'absolu du mal a été pensé sans état d'âme et a pu s'actualiser quasi parfaitement en Europe, du côté de la Pologne entre 1940 et 45, moins contre que grâce à son haut niveau de civilisation (bureaucratie, science, technologie et industrie y ont perdu définitivement leur innocence). Cela, comme l'écrit Hannah Arendt, n'aurait jamais dû arriver. Quoi donc exactement ? Que l'absolu du mal était somme toute aisément pensable (et donc praticable) par une petite clique de salauds ordinaires par exemple, et qu'il suppose l'absence d'état d'âme, possible et acceptable dans une perspective industrielle, car le crime rejoint sans doute alors son identité la plus parfaite, à savoir sa négation, et son efficience la plus redoutable, c'est-à-dire sa banalité. Depuis lors, malgré l'effroi dans lequel le monde découvrit Auschwitz, en un impératif bien trop exclusivement émotionnel (le fameux " Plus jamais ça ! "), le mal ne nous lâche plus du côté de son absolu de négation et de banalisation, et ce un peu partout sur la planète. Aussi, pour penser et donc résister aux incessantes actualisations du mal aujourd'hui, toujours en quelque sorte en mal d'absolu, faut-il le regarder d'abord en face sans effroi (car l'effroi tue, je veux dire aussi qu'il fait tuer) et oser le penser sans état d'âme.C'est du moins la fragile tentative de cet essai, rédigé en des heures qui annoncent peut-être encore le pire.