Le couloir de survie
« Ma vie n'a pas été un long fleuve tranquille, comme tout un chacun, je suppose. J'ai eu une enfance très heureuse avec mon frère et mes parents. Mon frère et moi sommes nés dans la ferme de mes grands-parents maternels, à Raconnet, un petit hameau de Gergy, en Saône-et-Loire. Nous sommes Bressans de naissance, dénommés « les ventres jaunes », « les mangeurs de maïs » ou encore « les panouilles ». Mon père était natif de Sassenay. Il a connu ma mère en 1925 et se sont mariés en 1926. J'ai fait mon apparition en 1927 et mon frère en 1930. Mon père était à ce moment là, chef d'équipe à la maison Pomona de fruits et légumes, à Chalon-sur-Saône. Nous étions logés chez ma grand-mère, jusqu'à ce que mon père trouve un logement à Saint-Jean-des-Vignes. Puis il a été muté au Creusot, pour le même travail. J'avais trois ans et mon petit frère trois mois. Cela a été un véritable drame pour ma mère qui se plaisait beaucoup à Chalon, ville qui n'était pas trop éloignée de son village natal. Enfin, il a bien fallu qu'elle s'y fasse : pour le travail et avoir le droit de vivre dignement. » Béatrice Bussières