Passé, présent et futur des chalets
Selon les lunettes que l'on chausse, le chalet apparaît sous des aspects très différents. Agricole ou résidentiel, nu ou décoré, chalet à vaches ou à notables, vieux, neuf, traditionnel ou futuriste, de bois, de pierre, rural ou citadin, jamais le même mais avec des points communs - peint, dessiné, mis en musique - le chalet est un drôle d'objet à la fois familier et mal défini. Porteur d'une image de la montagne et de la Suisse, il devient un des symboles de notre identité nationale, avec Ramuz pour le dire : "Les chalets de la Lenk renferment toute la manière de notre classicisme.
Il y a quelque chose en nous qui n'appartient qu'à nous. Quelque chose de profond et de naturel qui justifie notre existence". Très bien. Mais au fond quand nous disons "chalet" de quels chalets parlons-nous ? On trouve le chalet-bâtiment sous diverses formes dans les Alpes uranaises : aux alentours de l'an 1000, en Gruyère avec les éleveurs fromagers du XVIe siècle dans les beaux villages des Préalpes bernoises ou vaudoises ou plus modestement dans les alpages valaisans.
On trouve le chalet-symbole chez Rousseau qui invente le mythe au XVIIIe siècle, dans les théories architecturales du XIXe, chez Ramuz au XXe. On trouve le chalet-business dans les lotissements des promoteurs. Ce n'est visiblement pas des mêmes chalets que l'on parle, mais il y a toujours quelque chose de commun qui les lie tous ensemble. Une cinquantaine de textes abondamment illustrés donnent autant de coups de projecteurs pour mieux saisir cette "chose-chalet", qui n'est ni d'une région ni d'un style particulier, qui nous est cependant familière et que l'on connaît pourtant mal.