La marque de Lucifer
Un polar médiéval dans l'Angleterre du XIIIe siècle. À travers le destin d'un jeune orphelin, une découverte du rôle et du poids de la religion dans la vie quotidienne de l'époque. Un meurtre vient ensanglanter une fête traditionnelle, et la communauté catholique va s'emparer de l'événement pour accuser les juifs et les chasser de la ville. XIIIe siècle, en Angleterre. Le père de John, célèbre tailleur de pierre, est mort sur le chantier de la cathédrale. John, qui l'accompagnait, est gravement estropié ; il en restera boiteux toute sa vie. Par chance il échappe à l'orphelinat, pour intégrer la communauté des enfants de choeur de la cathédrale. Il se lie d'amitié avec Hugh, mais subit les brimades constantes de Mattew, le meneur de la communauté, qui terrorise tous ses camarades. Les jours sont réglés par les offices divins, les privations et les remontrances de moines intraitables. Une vie très rude pour des garçons qui sont encore des enfants ; au moindre écart, les enfants de choeur ont droit aux châtiments corporels du terrible chanoine Senan. Peu après l'arrivée de John, c'est la Saint-Nicolas. Un grand jour : le défilé de la fête des fous, puis des spectacles de théâtre, sur le parvis de la cathédrale, donnés par les différentes confréries de la ville et les enfants de choeur. À cette fête est associée une cérémonie très attendue : l'élection du « petit évêque », qui devient le roi durant quelques jours. À cette occasion, le comte de la ville offre un grand banquet, durant lequel le chanoine Senan est assassiné. Hugh, l'ami de John, élu « petit évêque », disparaît. John mène alors l'enquête et découvre l'assassin : c'est le jeune Mattew. Mais la communauté catholique se protège et manoeuvre pour accuser les juifs, et les chasser de la ville. Après La Cité des maudits (publié en 2005) et Robin et les Chiens de guerre (publié au même office de mars 2006), le récit de Bridget Crowley complète l'offre de la collection Milan Poche Histoire sur la période du Moyen Âge. Ici, l'accent est mis sur la dimension religieuse. L'importance du fait religieux, la place de la foi dans la vie quotidienne, ses implications matérielles. On découvre ainsi les techniques de construction et de décoration d'une cathédrale, mais aussi le rôle économique et social joué par le clergé. Un rôle au double visage. L'Église répond à de réels besoins, en recueillant les orphelins et en portant secours aux indigents, mais se prête dans le même temps à de sombres trafics de reliques, et n'hésite pas à mettre en cause la communauté juive quand l'un des siens est menacé par la justice. Le destin du jeune héros se trouve donc ballotté dans cette ambivalence, ce qui donne toute sa subtilité et sa finesse à ce texte très attachant.