Le grand soir

Titre : Le grand soir
Auteur : François Dupeyron
Edition : Actes Sud
Publication : 2006
Nombre de pages : 269
Isbn 10 : 2742762620
Isbn 13 : 9782742762620

Boulimique de peinture, d'alcool et femmes, Gustave Courbet est le héros colossal et fascinant de ce roman racontant avec flamboyance les dernières années de sa vie et notamment sa participation aux événements de la Commune, qui devait précipiter sa chute. En 1877, le peintre Gustave Courbet s'est réfugié à Genève, fuyant les dettes et la vindicte des versaillais, noyant dans la bière et l'absinthe la honte qui le consume. Quand il croise dans un bouge des bas quartiers cette fille de rien avec sa chevelure d'incendie, c'est Jo l'Irlandaise qu'il croit retrouver, surgie du passé comme pour lui rappeler les petites lâchetés dont sa vanité a su s'accommoder. Alors il la rattrape, il l'achète pour une nuit, le temps de lui raconter ses années de gloire et de confesser les vraies raisons de sa chute, qui a pour ainsi dire commencé quand Jo l'a quitté. Le sommet de sa gloire, c'est la période 1866-1867, où il peint à tour de bras, jamais à court d'inspiration ni d'énergie, opposant à ses détracteurs - qui l'accusent de préférer le laid au beau, le pauvre au riche, le scandaleux au convenable - un orgueil indomptable qui cache mal une susceptibilité à fleur de peau. A cette époque, il est capable d'oublier en une nuit d'ivresse les insultes et les déceptions, y puisant même le courage de continuer à braver la morale, les fâcheux et plus que tout l'ennui. C'est alors qu'il peint L'Origine du monde... qui célèbre autant son amour pour le corps des femmes que son goût de la provocation. Mais cette fin de décennie est également la période au cours de laquelle Jo le quitte. Peut-être Courbet aurait-il eu besoin que cet amour vrai veille sur lui, mais il tient trop à sa liberté. Et c'est avec fougue qu'il prend part aux événements de son temps, s'engageant aux côtés des Communards, faisant des propositions et des choix qui lui coûteront cher. Les soubresauts politiques du XIXe siècle servent ici de toile de fond à un portrait incroyable de vie. François Dupeyron a mis son talent de cinéaste au service de scènes qui s'imposent à l'imagination avec une force visuelle étonnante, mais l'écrivain n'est pas en reste : il est comme habité par Gustave Courbet qui, tel un ogre colossal, fascinant et attachant, s'approprie un roman aux accents céliniens. Seule la fiction, sans doute, pouvait incarner dans sa démesure et sa complexité un personnage aussi excessif.
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