Titre : La guerre d'Espagne
Auteur : Antony Beevor
Edition : Calmann-Lévy
Publication : 06/09/2006
Nombre de pages : 680
Isbn 10 : 2702137199
Isbn 13 : 9782702137192
La bibliographie sur la guerre d'Espagne est impressionnante. On pourrait se demander ce qu'un auteur, fût-il Antony Beevor, peut apporter de plus à notre connaissance de cette page de l'Histoire contemporaine qui nous paraît à la fois si lointaine et si familière. De fait, les soixante-dix ans qui ont passé depuis le pronunciamento de Franco ont eu le même effet sur les mémoires que l'anniversaire de la libération d'Auschwitz en janvier 2005 : les derniers survivants, muets jusque là par honte, par peur ou simplement par envie d'oublier, ont souhaité témoigner avant de disparaître, et bien des langues se sont déliées sur le tard. Nombreux sont aussi les descendants de combattants des deux bords qui ont souhaité rendre justice à leurs parents et grands-parents en brisant les tabous et les non-dits (voir le débat sur les fosses communes), ce qui a apporté des éclairages nouveaux.. Plus important encore, l'ouverture des archives soviétiques sous Gorbatchev : Antony Beevor fait partie des quelques historiens occidentaux qui eurent l'intuition que cette glastnost ne durerait pas et qui se précipitèrent à Moscou dès 1990. Il vit son ardeur récompensée, car non seulement ses trouvailles éclairent bien des pans obscurs de la guerre d'Espagne (qui s''est jouée, pour une grande part, à Berlin et à Moscou), mais l'accès à ces archives fut rendu beaucoup plus difficile dans les années qui suivirent. Poutine, quant à lui, a refermé le coffre et jeté la clé. Le résultat est un livre qui reconstitue le climat politique de l'époque de façon extrêmement vivante, tout en éclairant les causes culturelles, sociales, politiques et géopolitiques de ce qui fut une tragédie nationale en même temps qu'une « répétition générale » de la Deuxième Guerre Mondiale. La terreur rouge, la terreur blanche, les règlements de compte dans le camp républicain, les interventions étrangères, intéressées (les soviétiques et les nazis) et désintéressés (les brigades internationales), sont racontées avec rigueur, clarté et objectivité. C'est évidemment dans le récit des opérations militaires que Beevor est le meilleur. De ce point de vue, ce livre n'a rien à envier à son Stalingrad, par exemple. Best-seller en Espagne, où il a été publié en septembre 2005, ce livre a de grandes chances de devenir un classique.