Titre : la musique n'est pas une marchandise
Auteur : Bernard Lubat, Guy Caunègre
Edition : Golias
Publication : 09/07/2001
Nombre de pages : 88
Isbn 10 : 2914475152
Isbn 13 : 9782914475150
Bernard Lubat est né en 1945, " en plein bal, dans un monde rural qui n'était pas encore définitivement exodé ". Gascon des landes girondines, issu d'une lignée de métayers-chasseurs de palombes-communalistes de la sociale-musiciens et tenanciers d'estaminet, le fils d'Alban et de Marie ne crachera pas sur l'héritage. Jeune musicien prometteur, auréolé d'un prix du Conservatoire de Paris, il découvre le jazz, grâce à Kenny Clarke. Le maître introduit le jeune homme dans cet univers musical issu du melting-pot afro-américain, en convoquant Bernard Lubat à ses propres racines occitano-gasconnes. La vie est-elle une succession de naissances et de renaissances ? L'enfant prodigue et prodige du village d'Uzeste, naît au jazz en même temps qu'à la conscience de son occitanité. Racines gasconnes profondes et branches déployées vers Cuba, ou Harlem, pour engendrer un jazzconcubin. Lubat plaque le show-business et " sa scène centralisatrice parisienne consanguine du libéralisme hystérique-en transe ", pour retourner à Uzeste avec d'autres citoyens-artistes comme lui, musiciens-comédiennes-artificiers qui se lanceront dans l'aventure d'un festival atypique. Celui-ci ne se satisfera pas de briller de tous ses feux durant un été, mais il creusera saison après saison, un profond sillon d'où germera " le visage-village des arts à l'œuvre ". Tout au long de l'année, chacun, habitant ou passager d'Uzeste peut découvrir en lui, cette part créatrice inhérente à la condition humaine. Toute personne est une œuvrière en puissance : le chasseur, le rugbyman, le pécheur, tous sont dépositaires d'une culture, c'est-à-dire " d'un art du savoir faire-faire " qui fait la civilisation. Pour le jazzman d'Uzeste, il ne s'agit pas là d'un credo, mais d'un combat à portée poético-politique. Alors Lubat ne se contente pas de jouer, il pose des problèmes comme d'autres posent des bombes. Lubat engage des joutes orales, musicales, municipales, rugbystiques, esthétiques, philosophiques pour " tuer les idées qui tuent " et d'abord celles qui entretiennent le mépris de soi et donc le mépris de l'autre. Comme José Bové dont il partage le combat, Bernard Lubat est une grande gueule républicaine qui paye de sa personne des engagements concrets : le paysan du Larzac pourfend la " mal-bouffe ", l'œuvrier des landes girondines pourfend la " malouïr ", deux aspects d'une insurrection nécessaire, urgente, contre le grossier matérialisme marchand, " assourdisseur " des sens.