Portraits volés
" L'économie de guerre était une économie de troc. Huit Renoir pour un Rembrandt. Cinq Cézanne pour un Léon Bonnat ou un Meissonier. Des travailleurs contre du charbon, des matières premières. Trois ouvriers contre un prisonnier. Dix fusillés pour un Allemand tué et bientôt vingt, cinquante ou cent, car on était en période d'inflation. Qui pouvait prévoir jusqu'où monteraient les enchères Paul répugnait à ces marchandages. Il soupçonnait les Beaux-Arts d'être plus sensibles au caractère allemand du pillage qu'à la spoliation des Juifs qui avaient fui la France en laissant leur appartement en otage. " Le héros de ce roman, conservateur de musée, se voit soudain confronté au trafic des tableaux volés par les nazis dès les premiers jours de l'Occupation. Leur sort préfigure celui des hommes. Le Jeu de paume où ils furent réunis, triés, stockés avant leur départ en Allemagne, fut le Drancy des œuvres d'art. Une tragédie bouffe, balayée par le vent de l'Histoire, emporte hommes et œuvres vers les camps de la mort. Portraits volés témoigne aussi contre l'oubli des artistes dits " dégénérés ", persécutés, pourchassés, interdits de peinture et d'exposition, dont les toiles furent décrochées des musées, lacérées ou revendues par les nazis, pour le plus grand bonheur de quelques collectionneurs...
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